mercredi 27 juillet 2011

La Rose Blanche : des Allemands contre le nazisme


Le 22 février 1943, trois étudiants allemands d’une vingtaine d’années sont guillotinés dans la prison de Stadelheim, près de Munich. Leur crime est d’avoir dénoncé le nazisme dans le cadre d’un mouvement clandestin, «La Rose blanche»(Die Weiße Rose en allemand).

Comment, de juin 1942 à février 1943 une poignée de jeunes étudiants ont-ils pu défendre les valeurs démocratiques au prix de leur vie ?

Habitant Ulm en Allemagne et âgé de 14 ans en 1933, le lycéen Hans Scholl n’est pas au début insensible aux discours de Hitler. Il s’engage avec sa soeur Sophiedans les Jeunesses Hitlériennes mais ils prennent assez vite leurs distances. Leurs parents sont d’ailleurs hostiles à Hitler.

Hans Scholl se consacre alors à ses études de médecine. Il lit les penseurs chrétiens (Saint Augustin, Pascal) et la Bible. Mais il est arrêté et emprisonné en 1938 pour sa participation à un groupe de militants catholiques.

Quatre ans plus tard, sa décision est prise. Ayant reçu des tracts reproduisant des critiques de l’évêque de Münster à l’encontre du gouvernement , il décide d’entrer en résistance par l’écrit.

Le réseau se constitue autour de Hans et Sophie Scholl et de trois étudiants en médecine que lie une solide amitié : Alexander Schmorell (25 ans, fils d’un médecin de Munich) ; Christoph Probst, (23 ans marié et père de trois jeunes enfants), etWilli Graf (24 ans,).

En juin 1942, le petit groupe décide d’appeler les étudiants de Munich à la résistance contre le régime nazi, véritable «dictature du mal».

A partir de novembre 1942, les résistants de La Rose Blanche bénéficient du soutien de leur professeur Kurt Huber de l’université de Munich . Ils impriment et diffusent leurs tracts à des milliers d’exemplaires dans les universités allemandes et autrichiennes d’Augsbourg, Francfort, Graf, Hambourg, Linz, Salzburg, Sarrebruck, Stuttgart, Vienne et même de Berlin !

Le petit groupe collecte en même temps du pain pour les détenus de camps de concentration et s’occupe de leurs familles. Il est toutefois déçu par le peu d’écho de ses initiatives au sein de la population étudiante.

Un tract intitulé «Tract du mouvement de résistance en Allemagne» est distribué à plusieurs milliers d’exemplaires dans les rues, sur les voitures en stationnement et les bancs de la gare centrale de Munich ! Plus fort encore, en février 1943, Hans Scholl et Alexander Schmorell écrivent la nuit des slogans sur les murs du quartier universitaire : «Liberté ! Hitler massacreur des masses ! A bas Hitler !…»

Imprimé à plus de 2.000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste, le sixième et dernier tract commente la défaite de Stalingrad, condamne les méthodes nazies et invite la jeunesse du pays à se mobiliser. Comme quelques centaines de ces tracts n’ont pu être expédiés, Hans Scholl décide de les diffuser dans l’Université de médecine.

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Malheureusement, le matin du 18 février 1943, Hans et sa soeur Sophie sont aperçus par le concierge de l’université en train de jeter un paquet de tracts du haut du deuxième étage donnant sur le hall. Ils sont aussitôt arrêtés avec leurs amis, livrés à la Gestapo (la police politique) et emprisonnés à Stadelheim.

Le 22 février 1943, après une rapide instruction, le Tribunal du peuple chargé des«crimes politiques» se réunit pour un procès expéditif de trois heures.Sophie Scholl, qui a eu une jambe brisée au cours de son «interrogatoire » par la Gestapo et comparaît sur des béquilles, fait face avec un courage inébranlable.

Sophie et Hans sont exécutés après avoir revu une dernière fois leurs parents, Robert et Magdalene Scholl. Hans Scholl s’écrie «Vive la Liberté!» avant de mourir sur la guillotine (cet instrument a été importé de France au XIXe siècle). Depuis, les trois jeunes martyrs reposent les uns à côté des autres dans le cimetière voisin de la forêt de Perlach.

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Quelques mois plus tard, un second procès frappe quatorze accusés pris dans la même vague d’arrestations : le professeur Kurt Huber, Alexander Schmorell et son camarade Willi Graf sont condamnés à mort. A l’automne 1943, le réseau de Hambourg est lui aussi démantelé par la Gestapo.Dix autres membres de la Rose Blanche sont envoyés en camp de concentration et y sont morts.
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